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Huile sur toile
H. 200 cm. L. 255 cm.
Achat de la ville de Tours, 1900
Inv. 1900-4-1
La famille de ce Breton d’origine résidant à Tours, Camille Boiry bénéficie de 1889 à 1901 d’une bourse de la ville pour faire ses études à l’École nationale des Beaux-Arts où il est l’élève d’Ernest Laurent (1859 – 1929) et de Léon Bonnat (1833 – 1922).
En 1898, il obtient une première médaille pour un concours d’esquisse où il présente une étude inspirée de la mythologie, d’un caractère symboliste, et l’année suivante il remporte le concours Chenavard à l’École des Beaux-Arts. Il expose au Salon de manière épisodique entre 1897 et 1954, obtenant plusieurs distinctions : mention honorable en 1900, médaille de troisième classe en 1907. En 1922, son Marché au Maroc (Tours, musée des Beaux-Arts) se voit attribuer une médaille d’or. Malgré ces succès et la protection d’Edmond de Rothschild, l’artiste connaît des difficultés matérielles, puisqu’il perçoit des secours en 1910, en 1914 et en 1916, ainsi qu’une allocation de guerre jusqu’en 1919. Bien que domicilié à Paris, il est actif sur la scène artistique tourangelle. Membre de la Société d’agriculture, sciences, arts et belles-lettres d’Indre-et-Loire depuis 1911, il participe aux expositions locales, où il présente des portraits.
Les œuvres qu’il montre au début du siècle sont redevables de l’influence de Jean-François Millet (1814-1875) pour le traitement de la lumière et la monumentalité des figures (Vanneurs, Salon de 1908, non localisé ; Joueur de biniou, Salon de 1909, musée des Beaux-Arts de Rennes). Par des éclairages heurtés mettant en valeur le caractère pittoresque des paysages bretons, méditerranéens ou africains dans lesquels il situe ses scènes de genre, il confirme sa prédilection pour les sujets se déroulant en plein air.
Lauréat du Prix colonial du Maroc en 1920, Boiry appartient à cette génération d’artistes qui, grâce aux bourses de voyage dont ils sont bénéficiaires, contribuent par leur production à renforcer l’image d’une Afrique occidentale française.
Dante aux Enfers, 1899
Léon Bonnat est un professeur attentif aux progrès de Boiry, son élève. Ses attestations permettent au jeune homme d’obtenir le renouvellement de l’aide locale au soutien de ses études, et c’est encore grâce à son intervention que la commission du musée de Tours décide l’achat de Dante aux Enfers en juin 1900. Dans un courrier adressé au maire, le maître rappelle le très estimable palmarès du tableau, qui a valu à son auteur le troisième prix au concours Chevanard à l’École des Beaux-Arts de Paris en 1899 et une mention honorable au Salon de 1900, où il était présenté sous le titre Dante, aux Enfers, rencontre Farinata.
Par le choix de son sujet comme par sa plastique, cette œuvre de jeunesse de Boiry est très marquée par l’enseignement de l’École et atteste, en ce début du XXe siècle, la permanence des modèles académiques donnés en exemple aux jeunes artistes. Si dans la production de sa maturité le peintre renonce aux éclairages artificiels, il conserve en revanche ce goût pour les lumières contrastées, jouant sur un registre plus naturel.
En outre, la monumentalité des figures constitue une permanence dans sa peinture aux compositions généralement amples et fortement structurées, où les personnages sont considérés dans toute leur hauteur.