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Huile sur bois
H. 31,5 cm. ; L. 21,5 cm.
Exécution du legs d'André Foulon de Vaulx, 1952
Inv. 1952-1-14
Créateur d’une image féminine au type languissant et mélancolique, Hébert voue sa carrière à la représentation de modèles issus, pour l’essentiel, des milieux aristocratiques et mondains du Second Empire.
Fils d’un notaire de Grenoble, il est éveillé à la peinture par l’exemple de sa mère, artiste amateur de talent, et par Benjamin Rolland, conservateur du musée de la ville, son premier maître. En 1836, il entre à l’École des Beaux-Arts à Paris dans l’atelier de David d’Angers, puis dans celui de Paul Delaroche, qui le présente en 1839 au concours pour le prix de Rome. Lauréat avec La coupe trouvée dans le sac de Benjamin, il part pour Rome où il retrouve son cousin Stendhal, bénéficie de ses recommandations et de ses conseils et séjourne à la Villa Médicis de 1840 à 1847. Il s’y lie avec le musicien Gounod et l’architecte Lefuel, découvre avec admiration les fresques de Raphaël et celle de Michel-Ange au Vatican, voyage en Toscane, travaille au musée des Office de Florence. De retour à Paris, il expose au Salon de 1850 un de ses premiers sujets italiens, La Mal’aria, famille italienne fuyant la contagion (Paris, musée d’Orsay) dont le succès est confirmé en 1857, par celui des Fieranoles de Sant’Angelo (Paris, musée Hébert) et par Les Cervaroles. Etats romains (Paris, musée d’Orsay), deux ans plus tard. La vision de ces beautés graves, placées dans des paysages proclamant l’amour du peintre pour l’Italie, alterne avec les portraits de femmes qui lui assurent une renommée durable, de celui de son amie La Princesse Mathilde (1867-1868, résidence de Prangins) aux élégantes du Paris 1900 (La Comtesse Greffulhe, 1904, collection particulière). Membre de l’institut en 1889, commandeur de la Légion d’honneur en 1895, Hébert dirige à deux reprises la Villa Médicis à Rome (1867-1873, 1885-1890).
Portrait de Jeanne Sylvanie Arnould-Plessy
Célèbre comédienne du Théâtre-Français où elle débute en 1834, Jeanne Sylvanie Plessy (1819 – 1897) est la fille d’un modeste acteur dramatique. Pendant onze ans, elle tient les rôles de grande coquette du répertoire classique (dans L’Ecole des Femmes, Le Misanthrope, Tartuffe, Le Barbier de Séville, Le Mariage de figaro) ou moderne (Adrienne Lecouvreur de Scribe et Legouvé), attirant par son élégance, sa grâce et sa diction l’admiration de Thiers, de Théophile Gautier, des Goncourt. Très demandée en Angleterre et en Russie, elle quitte la Comédie-Française pour Saint-Pétersbourg en 1845, après avoir épousé à Londres Auguste Arnould, auteur à succès, ami d’Alexandre Dumas père et son collaborateur pour Les Crimes célèbres (1840). Devenue prématurément veuve, elle revient à la Comédie-Française comme pensionnaire, abandonnant les rôles de jeune première pour la tragédie. Elle quitte définitivement la scène en 1876 et se retire à Valduc, en Côte-d’Or, où son mari avait fait l’acquisition d’un vaste domaine.
Jeanne fait la connaissance d’Hébert en 1853, à son retour de Saint-Pétersbourg, et cède au charme du peintre qui exécute son portrait quelques années plus tard. Elle entretient alors une liaison avec Napoléon III à qui elle donne le tableau, le reprenant après leur rupture.
Tout l’attrait auquel l’artiste a été sensible chez son modèle transparaît ici. L’auteur lui donne le regard mélancolique, aux grands yeux langoureux voilé d’un halo d’ombre, par lequel il caractérise ses portraits féminins. Par le traitement naturaliste de l’arrière-plan, le Portrait de Jeanne Sylvanie Arnould-Plessy eut être rapproché de celui de la comtesse Pastré (1852, Paris, musée Hébert). Dans celui-ci également, Hébert adopte un éclairage vertical qui effleure une des épaules du personnage, souligne les transparences de la chair et des étoffes, et modèle les volumes par de subtiles passages de tons. Toutefois, l’apport le plus original du portrait de Tours réside dans l’adoption de la singulière coiffure de feuillage que justifie sans doute le prénom de Sylvanie avec lequel celle-ci signe ses lettres à l’artiste. L’atmosphère de charme et de mystère se dégage de cette figure sylvestre, comme surgie de la pénombre d’un jardin d’hiver, évoque le goût du Second Empire pour le règne végétal, qui occupe une place de premier plan dans le répertoire des arts décoratifs.
L’œuvre est entrée dans les collections du musée avec le legs important d’André Foulon de Vaulx (1875-1951). Poète couronné pour l’ensemble de son œuvre littéraire par l’Académie française et Président de la Société des poètes français de 1936 à 1939, il voue à la Touraine un attachement nourri de la lecture de Theuriet et de Balzac. Au cours de ses nombreux séjours dans la région, il établit de solides liens d’amitié avec Horace Hennion, alors conservateur du musée de Tours.
De 1925 à 1935, il participe aux activités littéraires et artistiques de diverses sociétés locales (Société littéraire et artistique de Touraine, Société des amis des arts, Ligue française de l’enseignement, Ecole de la Loire…), pour lesquelles il prononce des conférences et anime des matinées poétiques. Ce sont vraisemblablement ses relations avec Hennion qui l’ont incité à faire un legs en faveur du musée. Il hérite de son père une ample bibliothèque historique et un ensemble de peintures et d’objets d’art qu’il s’applique à enrichir, notamment de portraits de comédiens. Cependant, c’est de sa mère, Alice Charlotte Foulon de Vaulx, pianiste de renom, qu’il tient le portrait de Jeanne par Hébert. Cette toile, ainsi que le domaine de Valduc et son contenu, avait été légué à Mme Foulon de Vaulx par Jeanne Sylvanie Arnould-Plessy, qu’elle assiste de son amitié dans les dernières années de son existence.